Un rendez-vous au palais de justice... [PV LEVON]

Lev soupira, tout en retenant dans sa bouche la fumée du cigare. Les pieds sur le bureau, le fauteuil basculé en arrière, il attendait. On aurait pu croire, sans aucun doute, à voir ce tableau digne d'un film de mafieux nonchalant, que l'homme était serein et plein de pouvoirs. Mais le froncement de ses sourcils, l'absence d'un sourire en coin sarcastique et les cernes qui grisaient ses yeux en disaient autrement.
Le bruit de la canne d'Andrea se fit entendre dans le couloir. Ses talons plats claquaient sur la dalle froide comme des ordres. La porte s'ouvrit, elle grimaça, accordant un regard indigné à son gardien. Sa bouche s'entrouvrit, prête à hurler. D'arrêter de fumer dans son bureau, de mettre ses sales godasses sur son bureau dont le prix ferait rugir le Diable. Puis elle serra ses lèvres et décida de se taire. Son regard se fit piteux. Lev détestait cela. La pitié. Ca lui rappelait le regard mal peint de la chapelle du monastère où il avait vécu et une légère nausée monta dans l'air, effaçant l'odeur du cigare colombin.
« Tu sais... 
Commença-t-elle, prête à se couper les veines du fait qu'elle ne savait pas par quel bout commencer. S'il fallait hurler, ou rester calme. Jamais elle ne l'avait comprit, ce qui se passait dans sa tête et cette tendance à s'auto-détruire en toute bonne humeur. Mais ce que Andrea considérait comme de la destruction – drogues, alcool, bordels et violence – Levon se l'était approprié comme moyen de survie. L'ennui le guettait, depuis peu. Il vieillissant, ne dramatisons rien, mais il sentait le temps s'emparer de son corps et comment sentir qu'il respirait bel et bien si ce n'est en s'exposant les poumons. Comment sentir sa vie autrement que par la débauche? Prier, mon cul. Dieu ne lui avait jamais donné un orgasme et ne l'avait jamais fait planer.
« Je ne sais pas quoi dire. »
« Et bah tais... »
« Tu la fermes Levon. Tu la ferme. »
Il s'écrasa, tant bien que mal, mordillant le bout de son cigare qu'elle ne tarda pas à saisir et écraser dans le cendrier – là exprès pour lui.
« Je...Je suis fatiguée Holland. J'aimerais tant pouvoir t'aider autrement qu'en te sortant de tes embrouilles. Que tu comprenne enfin que le seul moyen d'être en harmonie avec soi même, c'est la foi. »
Lev la regardait incrédule. Les femmes étaient folles, il était vraiment impossible de chez impossible de prédire un tel excès de sentimentalisme dans un moment pareil.
« Mais il est hors de question que tu m'humilie d'une telle manière. Je n'aurais PAS, de gardien en taule pour détournement de mineur! »
Sa voix devint plus grave, son regard aussi effrayant que celui d'un démon puis sa main claqua sur la joue de l'homme; ce dernier resta bouche bée.
« Jusqu'à ce que tu sois sorti d'affaire, je t'interdis de baiser! Tu m'as bien comprit? Même avec des vieilles ou que sais-je. Ta queue, entre les jambes. La période de chaleur est fini, sale cabot. »
Elle se pencha, prête à l'égorger avec ses ongles, à lui crever les yeux avec ses dents.
« Si tu plonges, je plonge. Est-ce que tu penses au scandale que ça va crée qui des rumeurs surviennent? Si ça devient publique, je vais perdre mon sang froid, et on sait tous les deux qu'on en veut pas que ça arrive. »
Andrea repris le cigare, l'alluma en poussant d'un mouvement de canne violent les jambes de Lev.
« Maintenant je vais t'emmener voir un avocat. Je suis prête à payer le prix qu'il faut pour que la fille se taise, mais le problème n'est pas l'argent. Tu es le problème, Holland Levon. Ceci est ton dernier faux pas. »
Ils restèrent un moment dans le silence puis Lev soupira.
« Je n'ai jamais demandé de l'aide. Tu pourrais tout aussi bien me laisser crever et te trouver un autre caniche plus sage.”
“T'es pas en position de dire quoi que ce....”
“Je suis dans les positions que je veux, où je veux, quand je veux. Je n'ai jamais signé de pacte de fidélité ni choisi d'être le gardien d'une putain hypocrite.”
La lèvre de l'ange trembla, son poing se serra et elle claqua sa langue contre son palais, tentant de garder son sang froid. Le fait qu'elle ne hurla pas surpris Lev, quelque peu; pas comme s'il en avait quelque chose à faire.
“Comme tu voudras. Après que cette affaire soit réglée, il sera temps pour nous de prendre des chemins différents.”
“Tu me vires?”
“Non, tu pars.”
“C'est pas la première fois que je t'insulte de putain pourtant.”
“Tu peux me traîter à ta guise, mais je hais les gens qui salissent leur âme et ne savent pas être reconnaissants. Combien de fois t'ai-je aidé?”
“Combien de foi ai-je demandé de l'aide?”
“A l'heure qu'il est tu serais mort, creuvé en taule ou à ce FOUTU MONASTERE DE MERDE!”
“Ca aurait été mieux, apparemment.”
Elle se leva et lui indiqua qu'il fallait partir dans quinze minutes.

La silence reigna dans la voiture.
Il perdura dans les rues qui menaient au Palais de Justice.
Et s'étira jusque devant un cabinet.

“Tu devras raconter tout en détails. Essaye d'être le moins cru possible.”
Cool. Il pourras faire partager son expérience de pédophile avec le monde entier. Pourtant, il était beaucoup plus facile d'aller directement vers cette petite catin en chaleurs pour la menacer que de se faire chier à passer par des fillières judiciaires, longues et couteuses. Lev le savait bien, s'il ne s'insortait pas avec un casier vierge et que cette affaire durerait plus d'une semaine, il irait lui arracher les yeux et l'obliger à avouer que malgré l'âge, elle avait bien aimé.
Il eut un sourire en coin avant qu'Andrea le menace de son regard. Elle parla avec des secrétaires pas mal gaulés et d'autres nanas en robes noires et moches qui se promenaient dans le couloir, sans parler des vieux barbus qui boitaient d'un air noble. Enfin, ils entrèrent dans le bureau et ce fut une bon petit bout de blonde qui les accueillit avec un sourire à la Colgate.
“Mademoiselle Joyce Mills, merci de nous recevoir. Vous vous souvenez peut être de moi. L'année dernière vous avez été chargé du divorce du Député Travis Sleat. Je suis une de ses amies proches et il m'a conseillé de vous consulter.”
Député, amis proches... Lev sentait déjà le sommeil monter en lui. Il articula un bonjour et ils s'assirent tous les deux dans les fauteuils devant la fille qui était censée lui sauver la peau du cul.
“Il s'agit d'un cas de détournement de mineur et malgré que ce ne soit pas votre domaine, j'aimerais quelque conseils. Nous ne voulons pas aller jusqu'au procès et j'ai entendu dire que vous êtes très douée pour négocier.”