You Shoot Me Down ( ft. Ethan Matthews Fox )

Alexandre était accoudé au bar du Bewley's Coffee, semblant absent. Mais dans ses manières à faire tourner l'alcool au fond de son verre, il était agité. Il plongea ses yeux azurés dans le whisky écossais qui donnait l'impression d'avoir un pouvoir hypnotique sur lui. Il n'était pas saoul mais son esprit était loin d'être clair. Il attendait un appel comme on attend les résultats d'un grand examen.
Le gigolo était anxieux mais essayait de rien montrer. Il avait du laisser une centaine de messages sur le téléphone d'Ethan. Pourtant ce n'était son genre, lui qui arrivait à tourner la page comme on change de chemise. Il était même content en général quand on oubliait son numéro.

La liste était longue des filles que le brun n'avait jamais rappelé, car la nuit avait été plaisante mais il n'avait rien à attendre plus. Il consommait sans vouloir assumer les conséquences. Encore plus surprenant, Alex attendait l'appel d'un homme. Il était plutôt libéré comme tout garçon de sa génération, le métier oblige. Pourtant Ethan avait été le premier où il avait cédé les armes sans combattre. Comment cela pouvait être possible ? Il essaya de se remémorer sa rencontre avec le jeune Fox.

C'était une soirée torride de plus dans les profondeurs de la ville Phoenix. Un bar à la mode à l'ambiance électrique, les corps des demoiselles s'agitant dans des tenues affriolantes. La fête était là mais Alexandre lui ne s'amusait pas. Il était assit à sa table et avait presque l'air de s'ennuyer. Le monde de la nuit lui donnait parfois ce sentiment, comme un profond vide qu'on arrive jamais à remplir malgré le nombre de verres qu'on peut avaler.
Pourtant quelques blondes acidulés avait essayé de lui redonner de la vigueur en plongeant leurs mains dans son pantalon mais cela n'avait rien changé. Le gigolo était donc seul jusqu'à qu'il remarque Ethan Matthews Fox, qui semblait exhibé le même accablement.

La détresse rapproche et l'alcool réchauffe, c'est ainsi que vers les trois heures du matin, ils étaient accoudés au bar comme deux frères d'armes qui avaient perdus contact. Ils rigolaient de tout et surtout de leurs vies pitoyables. Ils essayaient de refaire le monde à coup de liqueur. Pourtant le regard d'Alexandre avait changé, il ne pouvait plus détacher ses yeux de l'homme face à lui. Il contemplait son visage taquin et ses lèvres captivantes. Le bar était maintenant vide et l'ambiance autour d'eux étaient comme exalté avec un parfum de mystère et d'interdit. Le gigolo se jeta alors sur les lèvres d'Ethan sans prévenir, lui volant un baiser à pleine bouche.

Le téléphone d'Alexandre sonna, il revint à la réalité et oublia la suite de la rencontre avec Ethan pour un temps. Ce n'était pas lui, mais il le rappela pour être bien sur de ne pas s'être trompé.

- Salut, Ethan, c'est alexandre, quand tu auras ce message merci de me rappeler ! Tu m'avais dit 16h30 au bewley's coffe...Il est 17h30. Je t'attends...

La chasse toujours la chasse. Rien dans la vie du jeune exorciste n’avait autant d’importance que la chasse. Courant, il s’élança du haut de l’immeuble, incertain de l’atterrissage. Comme toujours, il plissait les yeux pour se concentrer sur son point de chute, ne voir que lui, il devait atterrir sur l’autre toit. Sinon ce salaud allait encore lui échapper. Il plia les genoux. Ses pieds reçurent le sol violement et l’onde de choc lui scia les jambes. Il tendit son bras et visa. En appuis sur sa jambe qui l’élançait le jeune homme rendait son tir sûr, aussi sûr que lui. Il tira. Le démon vacilla. Il l’avait touché à la jambe droite. S’élançant à sa poursuite, l’exorciste ne tenait compte de plus rien d’autre. Sa vie avait toujours été remplie de combat, et ça n’allait pas s’arrêter ici. Depuis qu’il avait quitté NY tout s’était emballé. Il ne se sentait vivant qu’en combattant les démons. Et le fait qu’ils pullulent ici l’arrangeait plutôt qu’autre chose. Il avait besoin de se sentir nécessaire, voire vital aux humains. Savoir que lorsqu’il tuait un hybride démoniaque, il sauvait potentiellement des vies humaines était mille fois plus rassurant que toute autre chose sur terre. Il courrait derrière l’hybride tel un flic en ayant après un voyou. Mais c’était un combat d’un autre ordre. Un combat à mort. En théorie, un seul d’entre eux survivrait. En théorie. Parce que les hybrides étaient de vrais salopard qui adoraient s’échapper pour revenir plus fort ou simplement par amusement. Ils ne semblaient pas avoir le même rapport à la vie que les humains ou ne pas avoir de code de l’honneur tout simplement.

Prenant une échelle de secourt, le chasseur suivit l’hybride dans une ruelle sombre. Parfait, il était encore à l’abri des regards d’innocents humains. Se faire remarquer durant une chasse n’était vraiment pas une bonne idée. La dernière fois les flics l’avaient poursuivit durant des heures. Heureusement ça avait été dans une ville où il ne faisait que passer. Et il avait eut une chance de cocu de pouvoir leur échapper. Les flics sont plus ou moins la bête noir de Ethan. Parce qu’ils ne savent rien de son combat, ils l’arrêteront pour meurtre, et parce qu’ils ignorent que le diable existe, ils protègeront un hybride démoniaque s’ils en sentent le besoin. L’exorciste détestait les flics. Il ne pouvait espérer qu’un jour ils sachent parce que ce n’était pas leur job et qu’ils finiraient par y passer, mais si seulement ils pouvaient lui lâcher la grappe… Même si c’était du passé, même s’il avait changé de ville, il y avait un avis de recherche avec sa photo et autre nom. Ethan essayait de changer de nom au fur et à mesure. C’était la troisième fois qu’il reprenait son véritable nom, mais sa carte d’identité, fausse bien évidement, indiquait Ethan Matthews Reagan. Un faux nom de famille pouvait parfois suffire. Il tira dans l’épaule du démon avant que ce dernier ne quitte la ruelle sombre.

Et merde ! Le démon avait pénétré une grande avenue remplie de personnes allant et venant totalement innocemment. Si Ethan le poursuivait, avec son arme chargée, il était foutu. Il ne faudrait pas bien longtemps avait que quelqu’un appelle les flics. Et l’hybride le savait parfaitement. Lorsqu’il serait rentré chez lui il déposerait très probablement plainte. Les démons savaient jouer avec la loi. Et c’était probablement ce qu’il y avait de plus énervant chez eux. Leur capacité à retourner les lois humaines à leur avantage pour se protéger des humains. Mais Ethan avait bien vu le visage de l’hybride et lui avait collé deux balles. Autrement dit, il ne tarderait pas à le retrouver. Jouer les détectives ne l’enchantait pas mais c’était 50% du travail. Les hybrides profitaient toujours des grandes villes pour échapper à un combat qu’ils sentent tourner à leur désavantage. Ils n’ont aucun sens de l’honneur et prennent la fuite dès qu’ils sentent le vent tourner. Ethan enragea. Il devait à présent se débarrasser de son arme s’il ne voulait pas d’ennuis. Et merde, merde et merde ! ronchonna-t-il songeant combien il aimait cette arme de point mais puissante qui ne déviait jamais son tir. Il secoua la tête. Sortant un mouchoir il essuya l’arme et retira le chargeur. Il vida les balles dans une benne à ordure. Il déposa le chargeur dans sa poche arrière et le flingue dans son holster. Il planquerait les diverses parties de l’arme dans des endroits différents. Il commençait à avoir l’habitude de cacher ses armes, de se planquer, comme s’il était un vulgaire criminel.

Marchant vite dans les rues Ethan passa devant le Bewley’s coffee. Et merde ! Il avait complètement oublié Alex. Il n’était qu’un imbécile. Certes il n’avait aucune envie d’entrer dans ce café aussi il bloquait devant l’entrée. Alex et lui c’était… compliqué. Ethan n’avait pas l’habitude des relations autres que d’une nuit. Le fait d’avoir déjà rencontrer son âme sœur et de l’avoir perdu n’y étaient pas pour rien. Alex lui était sauté dessus quelques nuits auparavant. Ils avaient finit au lit. Ca avait été une superbe nuit, très chaude. Et ils s’étaient dit qu’ils se reverraient. Ethan lui avait promis qu’ils se reverraient en lui caressant la joue tendrement. Il était si fort pour faire des promesses et laisser croire qu’il les réalisera. Dans les faits, ils s’étaient revus. Ils avaient discuter, et à nouveau coucher ensemble. Mais Ethan ne voulait pas qu’ils deviennent autre chose que deux mecs passant du bon temps ensemble. Il ne voulait pas souffrir à nouveau. Et il s’était montré froid et distant. Mais aujourd’hui il avait une raison pour ne pas vouloir entrer dans le café et faire demi tour aussi rapidement que possible. Il avait découvert hier que son seul amour, son grand amour, n’était pas mort, qu’il était là, en ville, et qu’il venait de s’éveiller d’un coma de 6 ans. Laisser Alex dans l’ignorance serait ignoble… aussi l’exorciste se força et poussa la porte du café qu’il traversa pour se poster devant Alex.

- « Désolé du retard. J’avais un boulot important sur les bras. »

Ethan était en retard, c'était maintenant officiel et il faisait ce qu'il devait faire. Alexander n'aurait jamais imaginé les vrais activités du chasseur. Il y aurait même pas cru il y a quelques jours. Toute cette histoire de démons, de bien, de mal et tout le reste, jusqu'à qu'il subisse cette transformation. Depuis les choses avaient changés en lui sans qu'il chasse encore les vrais enjeux. En effet, le destin avait oublié de lui déposer la notice d'utilisation.

Il sentait cette part démoniaque en lui, mais n'avait pas reçu d'ordre inférieur pour détruire le monde et l'humanité. Alex vivait donc sa vie tranquillement même si ses nouveaux pouvoirs pouvaient être bien pratique. Surtout quand on s'ennuie, là avec son verre, il regardait un couple qui semblaient éperdument amoureux. Cela pouvait l'énerver prodigieusement ces petites couples qui se caressent, qui s'embrassent comme si personne n'était autour d'eux.

Plus le gigolo les regardait, plus il sentait ce démon au fond de son âme qui grattait à la porte pour qu'on le laisse sortir. Le couple s'embrassait à pleine bouche. La serveuse arriva devant eux pour récupérer l'addition. Le petit minet ( de ce couple odieusement charmant ) plongea une main dans la poche de sweat-shirt voulant absolument payer. Les pupilles d'Atwood changèrent, comme traversé par une écume rouge grenat qui glissa sur ses iris.

Le premier pouvoir que le démon découvrit, était qu'il pouvait modifier les probabilités des chances, pour soit les augmenter où les réduire. Il voulait tellement voir ce couple tomber, qu'un papier sauta du sweat shirt du petit minet. La fille face à lui ramassa le papier et ouvrit des grands yeux.
- « C'est quoi ! Pourquoi tu as le numéro de ma soeur ?
- Je peux t'expliquer, chèrie, c'est pas ce que tu crois !!!
- Ah bon ! Et le petit message à côté de son numéro : Baratine la pour ce soir et je te laisserais me.... »

Elle ne termina même pas sa phrase, que le petit minet avait déjà prit une belle claque. C'est bien dommage car Alex aurait bien aimé savoir ce qu'il prévoyait. Le démon cligna des yeux et comme par magie, la couleur rouge s'estompa, laissant juste ses yeux brillants. Il ne savait pas encore, mais il lui restait encore une demi-heure à tuer avant l'arrivée d'Ethan. A force de boire, une envie présente se profila sans qu'il puisse la retenir. Pourtant il n'avait pas envi de quitter son siège et peut être louper son rendez-vous.
En passant devant l'entrée des toilettes, un grand balèze le regarda, une sorte de monstre avec une capuche qui lui cachait le visage. Pas du tout, le genre à trainer dans les bars, mais avec cette ville maintenant Alexander n'était surprit de rien. Le balèze tremblait comme en manque d'une drogue ou d'un savant mélange. Ce que le jeune Atwood ne savait pas, c'est qu'il allait bientôt pouvoir faire plus ample connaissance avec l'énergumène.

Alors qu'il soulageait un besoin vital, Alex sentit une lame se coller à sa colonne vertébrale.
- « Donne moi ton portefeuille, ton portable et tout le reste enfoiré !
- On se calme ! Tu veux pas plutôt parler un peu avant ? »
Le démon se tourna lentement alors que son deuxième pouvoir était déjà entrain d'opérer. Il arrivait à dégager une aura séductrice sous l'aspect d'un fumée proche de la fumée de cigarette. Ce nuage que sa victime aspirait, l'hypnotisait et séduisait de façon lubrique permettant au démon d'agir.
- « Je suis désolé ! Je ne sais pas pourquoi je...Vous êtes tellement...Je veux vous embrasser ?
Alexander envoya un coup bien placé sous la ceinture du gros balèze qui tomba comme une mouche. Il ramassa la lame qu'il rétracta et qu'il plaça au fond de la poche de son jeans.

Atwood retourna à sa place et se commanda un nouveau verre. Il fut surprit de voir arriver Ethan.
- « Désolé du retard. J’avais un boulot important sur les bras.
- Je comprends, je vais pas te déranger longtemps ! Tu veux quoi ? »
Puis il se passa une chose étrange, quelque chose dérangea Alex, comme une odeur étrange. S'il avait été humain, il l'aurait surement pas remarqué, mais là c'était tellement fort que tout son être le criait. Il s'approcha d'Ethan pour le respirer, ce qui doit être étrange surtout quand un autre homme vient vous respirer, et encore plus en public.
- « Mais tu sens la poudre ? Tu es flic ou quelque chose comme cela ? »
Il avait peut être couché ensemble mais il avait évité de partir sur le cap, de ce qu'il faisait dans la vie. Cela avait été comme une pulsion torride à en arracher les vêtements et à faire cela à même le sol, mais après tout Alexander ne savait rien de la vie de son camarade.

Ethan observa le comptoir plutôt que de plonger ses beaux yeux bleus dans les enivrantes pupilles de son invité. Il détestait rompre. Bien que ce ne soit pas réellement une rupture, soyons honnêtes, ils n’avaient rien d’un couple, ne vivaient pas l’un chez l’autre, n’avaient même pas cette bonne vieille complicité des gens qui se connaissent entièrement, mais ça restait un moment difficile à passer où il devrait dire à ce jeune homme tendre et touchant qu’il ne voulait plus le voir. Il pourrait très bien dire qu’ils devraient rester amis mais il savait qu’il ne lui serait pas possible de devenir ami avec un de ses anciens amants. Ethan était comme ça. Il accumulait les relations d’un soir sans avenir et refusait d’envisager l’amitié jaillir d’une de ces relations. Il ne pouvait tout simplement pas s’empêcher de considéré son ancien amant comme une source de désir. Et il en allait de même avec Atwood. De toute manière, ils n’étaient pas des amis avant de se rencontrer, ils n’ont jamais connu une telle relation d’amitié, il était donc inutile de lui proposer de rester ami. Ridicule et blessant.

- « Ce n’est pas évident… » commença le jeune homme timidement. S’il était un as à la drague, que rien ne pouvait l’empêcher d’obtenir l’objet convoité, il était nul en matière de rupture. Il faut bien avouer qu’il s’arrangeait toujours pour ne pas avoir ce genre de discutions. Il n’aimait pas les larmes ni les crises. Il détestait qu’on s’accroche à lui. Et il savait qu’il n’était pas la personne possédant le plus de tact sur cette foutue terre. Au contraire, il était plutôt du genre rentre dedans. Si cela avait plût à Atwood lorsque Ethan le séduisait, cela lui plairait beaucoup moins aujourd’hui.

La question que lui posa son ancien amant le prit au dépourvu. Il s’attendait à ce qu’il lui sorte quelque chose comme « tu as de beaux yeux » ou encore « j’ai très envie de toi » comme il savait si bien le sortir lorsque Ethan s’y attendait le moins, mais il ne pouvait décemment pas s’attendre à ce que Atwood lui sorte une idiotie dans le genre qu’il sentait la poudre. Déjà, comment Atwood pouvait-il, diantre, sentir cette fichue odeur de poudre ? Pour avoir toucher aux armes depuis qu’il était gosse, Ethan était bien placé pour savoir que très peu de monde étaient capable de sentir la poudre hormis bien évidemment une personne au nez fin qui déciderait de renifler sa main, évidemment, mais Atwood n’avait rien fait de tel. Ethan se tourna vers son ancien amant. Qu’il était difficile de le considérer comme tel. Mais il le fallait. De toute manière, Aaron allait occuper tout son esprit dans très peu de temps. Si ce n’était pas déjà le cas.

- « Comment tu peux sentir ce genre de choses ? » demanda Ethan après quelques minutes de réflexions qui tournaient plus autour de son attirance pour Atwood et son besoin de rompre que véritablement de la surprise qu’il avait eut. Néanmoins, comme tout bon chasseur, ce genre de question totalement bénigne pour la plupart des gens mettait en alerte le jeune homme. « J’ai un vieux flingue chez moi et ça m’arrive de tirer pour me détendre. » Un mensonge, encore un mensonge. Alex pouvait bien bouffer des mensonges à toutes les sauces, il ne serait qu’un ancien amant que dans bientôt Ethan éviterait soigneusement en espérant que Atwood en fasse autant de son côté. Mais il retournerait dans les bras de son premier amour. Quoi qu’il advienne, Ethan ne pourrait lutter contre ce besoin obsessionnel humain de courir après le bonheur. Et continuerait-il à mentir alors ? Il sortirait comme ça des phrases totalement bateau histoire de noyer le poisson en sachant qu’un jour où l’autre un de ses mensonges sera découvert.

- « Je dois te parler, Alex, c’est… sérieux. » fit-il dans l’espoir que Alex oublie cette fichue histoire de poudre. Pourquoi l’avait-il diable appeler Alex ? Il ne fallait plus qu’il l’appelle ainsi. Atwood était bien mieux. Plus amical que tendre, plus distant également. Chacun de ses mots étaient interprété, et tournerait pendant plusieurs semaines dans la tête de Atwood, il fallait qu’il fasse attention aux mots qu’il utilisait. Pas question de laisser planer le moindre doute. Il ne voulait plus de lui, il n’était plus attiré par lui.