Devon E. Caldwell | Some things will never be different

Il est difficile de cerner le caractère de Devon à la première rencontre. De nature plutôt réservée, il en est pourtant tout le contraire face à une personne proche de lui. Il est pour lui beaucoup plus aisé de s'ouvrir lorsqu'il fait entièrement confiance à cette personne. Confiance qui est d'ailleurs loin d'être facile à acquérir puisque la méfiance fait partie de l'un de ses plus important défauts au grand désespoir de certains de ses proches. Passé ce stade, il se montre alors profond et chaleureux de telle sorte que la plupart des gens remarque un étonnant contraste dans sa personnalité. Possessif, il lui arrive d'être un tantinet envahissant, si ce n'est un peu trop. Il a du mal à contrôler son côté protecteur en particulier si cela concerne quelqu'un à qui il s'attache spécialement.
Jeune homme passionné, Devon peut rapidement s'enflammer sur un sujet qui lui tient à coeur et ainsi s'épancher pendant des heures sur ce dernier. Ceci et sa détermination sont les principaux traits de son caractère. Malgré cela, il n'en reste pas moins une personne réfléchie, sûr et certain que foncer dans un mur sans une once de réflexion ne serait pas la plus brillante des idées.
Ce comportement ne l'empêche cependant pas de se révéler parfois impulsif. Susceptible en plus de cela, il n'est pas curieux de le voir rancunier. Il pardonne difficilement à une personne qui lui aurait fait du tort même s'il se manifesterait finalement que ce n'est qu'un vulgaire malentendu. Ses crises de colère sont néanmoins rares, son irritation étant le plus souvent exprimée par une indifférence désinvolte qui peut prendre par surprise ses interlocuteurs. Sa franchise est à ces moments-là son arme la plus employée. Détestant l'hypocrisie, il hésite rarement à lâcher ses quatre verités sans se soucier de prendre le tout avec des pincettes.
Scientifique dans l'âme, Devon croît uniquement en ce qu'il voit. La seule pensée qu'il puisse exister des humains hybrides anges et démons sur Terre lui est totalement inconcevable. Presque ridicule et insensée. Le jeune homme devra toutefois réussir à mettre son esprit rationnel de côté étant donné le rôle qu'il aura à jouer... en tant que gardien.

« Ne me dis pas que tu as peur... »
« Bien sûr que non, » retentit une autre voix exaspérée. « C'est juste que- »
« Oh allez Dev' ! Tu ne viens que de temps en temps à Phoenix, alors autant que ça soit pour s'amuser ! » l'interrompit brusquement la première personne d'un ton enjoué.
« Tout d'abord c'est Devon et ensuite peux-tu me dire en quoi visiter un entrepôt délabré vieux de quarante ans pourrait rentrer dans ta définition de divertissement ? »
« Tu n'as jamais cru aux histoires de grand-père ? »

Ces fameuses histoires d'horreur que leur racontait leur aïeul. Le récit d'une bataille entre anges et démons – hybrides qui plus est - ayant vraisemblablement eu lieu il y a une quarantaine d'années de cela. Sceptique, le jeune garçon de neuf ans n'y avait jamais vraiment cru. Pour lui, elles étaient simplement des contes destinées à effrayer les enfants tout comme celles du légendaire croque-mitaine. Elles ne pouvaient conter la vérité. Et pourtant, sa jeune cousine Seena semblait y croire dur comme fer. Devon leva brièvement les yeux au ciel. Ce n'était pas étonnant. La petite fille avait toujours les yeux brillants dès qu'on abordait ces histoires fantastiques. Et c'était par ailleurs, la seule raison pour laquelle ils se trouvaient actuellement devant un vieil entrepôt.
On y racontait que cela avait été un ancien hôpital qui, quarante ans de cela, avait recueilli des enfants tombés brusquement malades, possédés disaient certains. Mais, soudainement, du jour au lendemain, les enfants furent guéris, l'hôpital fut fermé et on le rasa pour y contruire cet entrepôt par dessus. Cependant rien ne le prouvait. Aucune preuve ou déclaration officielle n'avait été trouvée à ce sujet. Et même si elles auraient été détruites, on y décelait aucune trace plausible. Leur grand-père leur avait narré que cette « maladie rare » avait tout bonnement été le produit de la perversité des démons hybrides que le côté bénéfique avait mis fin de justesse.

« C'est idiot, » grommela-t-il, acceptant finalement avec réticence.
« Super ! » s'exclama sa cousine, un sourire rayonnant aux lèvres. « Allons-y avant que le soleil ne se couche ! »
« Je sens que je vais le regretter plus tard... »
« Ne dis pas n'importe quoi gros bêta ! » se moqua Seena en riant. « C'est bien plus amusant que de rester à longueur de journée avec les adultes ennuyeux que sont nos parents ! »

Le garçon roula des yeux. Un bref sourire s'esquissa malgré tout sur son visage. Il ne pouvait cette fois-ci trouver un quelconque argument contre la jeune fille. Entêtée elle aussi, ils semblaient être tout deux sortis du même moule si bien qu'on pouvait parfois les confondre en tant que frère et soeur. Ils n'en étaient pas loin niveau génétique.
Devon poussa un soupir avant de froncer légèrement les sourcils. L'entrepôt, vétuste, était désaffecté depuis moins de dix ans pour une raison en outre inconnue. Il y avait eu des témoignages sur lesquels les ouvriers avouaient travailler dans une atmosphère étrange, quasi oppressante. C'était sûrement dû au fait qu'il s'agissait d'un ancien hôpital et que par conséquent, des personnes étaient décédées sur ces lieux. Le jeune garçon faillit éclater d'un rire ironique devant ses propres suppositions. Il ne manquait plus maintenant qu'il croit également à ces fables farfelues.
Il alluma sa lampe torche suivi de près par sa cousine. Les grandes fenêtres de l'entrepôt étaient opaques, la poussière s'était accumulée depuis des années sur leur surface. L'endroit était ainsi plongé dans une complète obscurité. Le silence était maître. Seul le bruit de leurs pas et de leur respiration régulière le coupait. Ils avançaient lentement afin d'être certains de ne pas trébucher sur quelque chose.

« T'as entendu ça ? » murmura Seena cramponnée à son bras.
« Quoi ? » fit le garçon, fronçant de nouveau les sourcils.
« Je sais pas... j'ai cru entendre un bruit, une sorte de chuchotement... »
« Tu divagues Seena, » déclara Devon, ce qui ne l'empêcha pas d'ajouter toutefois, « Reste derrière moi. »

Sa jeune cousine marmonna dans son coin, visiblement agacée par son comportement protecteur, mais finit par lui obéir à la lettre. Ils continuèrent leur exploration tranquillement. Pourtant, au bout de quelques minutes, le garçon eut la désagréable impression d'être épié. Les dents serrés, il ne dit rien pour ne pas affoler un peu plus sa cousine. Devon raffermit cependant sa prise sur la lampe torche.

« Je n'aime pas cet endroit, » céda-t-il finalement. « Rentrons à la maison. »
« On n'a même pas fini de visiter ! »
« Il n'y a rien à visiter ! Ce n'est qu'un endroit desaffecté ! Qu'est-ce que tu t'attendais à voir ? Un démon hybride peut-être ? Ces choses n'existent pas. » conclut-il l'air désabusé.
Il s'apprêtait à sortir sa cousine de force lorsqu'une voix masculine retentit dans l'entrepôt :
« Qu'est-ce que vous fichez ici les gamins ? »

Eclairé par leurs lampes torches, un homme d'une vingtaine d'années, le visage aigri et inquiétant se tenait face à eux. Un frisson parcourut rapidement la colonne vertébrale de Devon sans savoir pour quelle raison. D'un geste inconscient, il se tint devant Seena, la prenant derrière lui dans une attitude protectrice.

« Nous nous sommes perdus, » mentit alors le jeune garçon d'un ton plus assuré qu'il ne l'était réellement.
« Perdus, » répéta l'inconnu, apparemment loin d'être convaincu. « Ceci est une propriété privée, que je ne vous y reprenne plus à traîner ici, petits inconscients ! »
« Certainement, monsieur, » lança Devon avant de s'en être pu contenir.

Les deux enfants n'attendirent pas une minute de plus pour décamper des sinistres lieux. Devon tira sa cousine jusqu'à la maison de ses parents – là où lui et ses propres parents logeaient par la même occasion pour les vacances de printemps. Une fois être sûr de ne pas avoir été suivi – la paranoïa avait pris le dessus chez le jeune garçon - il lâcha le bras de Seena.

« Mais qu'est-ce qui t'as pris de me tirer comme ça ? » s'offusqua-t-elle, ébranlée par le comportement de son cousin. « C'est pas comme s'il avait eu l'intention de nous faire quelque chose ! »
« On n'est jamais certain, » rétorqua Devon d'une voix brusque. « C'est un inconnu ! Tu ne sais rien de lui. Et j'espère bien que tu ne retourneras pas à cet entrepôt ! »

Sans le savoir, le garçon venait de faire sa première rencontre avec un démon hybride...

« Peux-tu me dire ce que cela signifie ? »

Le jeune homme de dix-sept ans retint un long soupir. La journée s'était déroulée superbement jusqu'à présent – et pour cause, les vacances d'été qui approchaient à grands pas en étaient la raison principale - mais il avait fallu, bien sûr, que son père découvre sa lettre d'acceptation à l'université de Phoenix. Il croisa les bras, légèrement renfrogné. Il était devenu évident que la seule mention de la ville d'Arizona était prohibée en particulier depuis ces dernières années. Après la mort de son grand-père à ses douze ans, Devon n'avait plus jamais eu l'occasion de visiter Phoenix, bien que l'envie l'en démangeait – sa cousine Seena qu'il considérait comme sa propre soeur y vivait toujours.
Mais, pour une raison qui lui restait encore obscure, son père, Matthew, n'avait pas jugé nécessaire de poursuivre leurs visites à Phoenix. Il haussa les sourcils. Le lycéen - bientôt diplômé - se demandait si tout cela n'avait pas un lien avec les disputes courantes qui avaient eu lieu entre son père et son grand-père. Les deux hommes s'étaient rarement entendus, remarquait maintenant Devon. Peut-être que l'aversion de son père pour la vallée du Soleil avait un possible rapport avec ça. Certes. Ceci n'expliquait pourtant pas sa présente attitude. La lettre crispée dans sa main, son père le regardait d'un air furieux.

« Je suis reçu à l'université de Phoenix, » répondit-il d'une voix monotone, plus ennuyé que véritablement irrité.
« N'aurais-tu pas pu choisir autre part... comme à Stanford ou à Caltech ? »
« Stanford ne proposait pas le cursus que je souhaitais. L'institut de Caltech non plus. Pourquoi tu ne veux pas que j'ailles à Phoenix ? » s'enquit Devon, désormais curieux.

Son père ne répondit pas. Ce silence agaça passablement le jeune homme. Si ce dernier ne voulait pas lui donner une réponse satisfaisante, il ne devait s'en vouloir qu'à lui-même. Devon n'allait pas changer son choix universitaire à cause d'un tel caprice venant de son paternel. Surtout si le motif ne se faisait pas connaître.

Devon était plongé dans un livre dédié à la criminologie lorsqu'il entendit soudain des éclats de voix au rez-de-chaussée. Il n'y porta aucune réelle attention jusqu'à ce que son prénom fisse écho dans la demeure des Caldwell. Fronçant les sourcils, il descendit promptement de son lit, sortit de sa chambre puis s'arrêta aux escaliers. De là, les voix lui parvenaient claires et nettes et il ne risquait pas de se montrer aux yeux de tous. Un once de culpabilité naquit au fond de lui mais elle fut bien vite balayée par sa curiosité. Il distingua alors deux voix. Celles de ses parents.

« … à Phoenix ! » résonna la voix de son père, manifestement hors de lui. « Ce n'est même pas une bonne université. J'aurais préféré voir notre fils unique étudier à Caltech, c'est bien plus prestigieux ! »
« Je ne crois pas que cela soit la raison précise pour laquelle tu ne veux pas qu'il aille à Phoenix, Matthew, » fit remarquer sa mère, Anna, d'un ton posé.
« Bien sûr que si. »
« Non. Moi, je pense qu'il s'agit exactement de la même chose qui t'a fait déménager de cette ville, nous a fait déménager, j'ose préciser. »
« D'accord, mon père a failli mourir quand j'étais jeune et puis il m'a raconté toutes ces histoires vraies et m'a dit que j'en suis un aussi... ça ferait déménager n'importe qui de cette ville maléfique. Je ne veux pas donner à Devon une responsabilité aussi lourde à porter. »
« Es-tu certain qu'il en est un également ? »

Le principal concerné tendit l'oreille à l'affut de la réponse de son père. De que diable ses parents pouvaient donc parler ? Qu'était-il ? D'après son père, cela n'avait pas l'air d'être bien joyeux. Mais de quelle responsabilité parlait-il ? Il fronça des sourcils pour la deuxième fois de la soirée. En un sens relatif, ses hypothèses s'étaient révélées exactes. Il y avait bel et bien une subtile relation avec son grand-père.
Devon poussa intérieurement un juron coloré quand il s'aperçut que ses parents avaient changé de pièce. Le jeune homme pesa le pour et le contre, hésitant à s'approcher un peu plus au risque de se faire repérer. Il prit rapidement sa décision et descendit les escaliers deux à deux. Ses parents s'étaient apparemment déplacés dans la cuisine à en croire la provenance des voix. La porte de la pièce était close. Parfait. Il y colla son oreille. Le son lui arrivait, étouffé, mélangé à de la musique. L'un de ses parents devait sûrement avoir allumé la radio. C'était loin de facilité son écoute malheureusement. Il pesta de nouveau.
Dans tout ce raffut, il parvint néanmoins à discerner quelques mots. « Sang », « gardien » et « hybrides ». Cela n'avait aucun sens séparé du reste. Sauf si les hybrides dont son père parlait étaient les mêmes qu'avait contés son grand-père dans sa jeunesse, pointa judicieusement une partie de son esprit. La moins rationnelle, fallait-il spécifier. Devon se secoua la tête de ces idées abracadabrantes. Non, cette supposition ne pouvait définitivement être juste. D'autant plus que ça ne résolvait point le mystère des deux premiers mots et en quoi le tout avait un lien vraisemblable.
Enfoui dans ses propres réflexions, il réussit à peine à attraper la dernière phrase. « Il est un gardien, rien n'y changera. » Cette phrase valut de nouvelles interrogations chez le jeune Caldwell. A son grand malheur, il ne put s'attarder plus longtemps sur la question puisque la conversation était visiblement terminée et qu'il s'exposait ainsi à être découvert sous peu. Il eut tout juste le temps de s'installer sur le divan du salon et d'allumer la télévision lorsque sa mère sortit de la cuisine tout en refermant la porte derrière elle. L'apercevant enfin, elle haussa un sourcil.

« Tu es là depuis longtemps ? »
« Non, hum, juste depuis quelques minutes, » s'empressa-t-il d'affirmer. « Je m'ennuyait dans ma chambre, et puis comme la télé était libre... »
Tu parles trop, Caldwell. Quelle excuse minable, pensa-t-il.
C'est aussi ce que songeait sa mère. Elle n'avait pas l'air le moins du monde persuadé par son petit mensonge. Heureusement pour lui, elle ne sembla pas s'éterniser sur le sujet.
« Un film de guerre ? » fit-elle d'un sourire moqueur en acquiesçant vers la télévision. Devon n'avait jamais apprécié ces films-là. « J'ai entendu dire par ton père que tu as été admis à l'université de Phoenix au fait, » changea-t-elle de sujet. « Félicitations mon chéri. »
Devon se passa la main dans les cheveux d'un geste bref, à la fois embarassé du compliment et du surnom utilisé.
« Tu comptes faire des études en criminologie, c'est ça ? »
« Hum, oui, » répondit Devon, l'esprit occupé par la précédente conversation.
« Il est bien dommage qu'il y ait besoin que tu ailles aussi loin pour ces études... mais si le jeu en vaut la chandelle... »
« Il en vaut à coup sûr, M'man, » répliqua le jeune homme, borné.
« J'espère bien... »

La tête ailleurs, Devon ne perçut ni le ton ni le visage soucieux de sa mère. S'il l'avait remarqué, il en aurait probablement établi un lien avec ce qu'il venait d'entendre quelques minutes plus tôt. Il aurait posé la question qui lui brûlait tant les lèvres à sa mère et elle lui aurait certainement répondu la réponse qu'il attendait. Mais ce n'est pas ce qui arriva. Et puis, l'aurait-il vraiment crue ? Non, sans aucun doute. Toujours est-il que sa question finit par rester en suspens après son départ de sa ville natale. Enfouie, oubliée, somnolente. On ne peut toutefois affirmer qu'elle ne se réveillera jamais.

Il faut tout d'abord savoir que le jeune Caldwell n'a pas conscience de posséder de telles capacités surnaturelles. Les manifestations de ces dernières ne sont, de son avis, que d'étranges faits et il ne pense en aucun cas en être responsable.

La télékinésie {5%}
Le pouvoir de déplacer les choses par la pensée. Il serait un euphémisme d'affirmer que Devon est loin de le maîtriser, bien au contraire. La plupart du temps contrôlée par ses émotions, la télékinésie reste donc un pouvoir imprévisible pour le jeune homme.

La guérison par transfert {26%}
Cette capacité de guérir n'est sans conséquence. En effet, à chaque guérison, Devon se voit transmettre sur lui les blessures de celui ou celle qu'il guérit. Il n'a ainsi pas la possiblité de sauver des personnes d'un coup mortel. D'un stade plus avancé que la télékinésie, il a souvent eu l'occasion d'utiliser cette faculté sur des blessures minimes sans vraiment le savoir.