when did we become strangers? • ISEULT & DEVON

ISEULT & DEVON
When did we become strangers?

« Vous êtes sûr que vous allez bien ? »
« Oui, sûr et certain. »
« Vous m'avez eu l'air perdu dans vos pensées... »

Le jeune homme tenta un sourire maladroit. Il ne pouvait bien évidemment se confier à une inconnue, aussi préoccupée envers lui qu'elle soit. Pourtant ces inquiétudes ne se trouvaient pas infonder. Depuis quelques temps déjà, Devon était soucieux, parfois plongé dans de sombres songes pour n'en émerger souvent que de longues heures plus tard. Le sujet de son tourment restait toujours le même. Sa cousine, Seena. Il fronça légèrement les sourcils à cette pensée. Il ne l'avait remarqué que très récemment mais assez longtemps pour qu'il puisse s'en inquiéter. Les dernières fois qu'il l'avait vue, elle lui avait semblé froide, détachée, presque distante. Ce n'était définitivement pas son comportement habituel, se dit-il en pensant au caractère d'ordinaire chaleureux de la jeune femme. Mais peut-être s'inquiétait-il trop. Il était dans sa nature d'être protecteur envers ses proches, rien ni personne ne pouvait y changer.
Non, songea-t-il. Il y avait également autre chose... L'attitude de Seena ressemblait mot pour mot aux symptomes que décrivaient les habitants de Phoenix de la « maladie rare » qui se propageait en ce moment-même dans la ville. Il en avait tant de fois entendu que les paroles s'étaient imprimées dans son esprit aussi claires que le jour. Avant le brusque changement de comportement de sa cousine, il n'y avait pas fait tellement attention, bien sûr. Tout était différent maintenant. Il était cependant certain que toute cette affaire n'avait rien à voir avec une quelconque maladie. Une simple maladie ne pouvait expliquer ce trouble du comportement acquis du jour au lendemain.
Seulement, le jeune homme ne pouvait tout simplement pas confier ses doutes à une étrangère, même âgée et compréhensive.

« Le stress des études, sûrement, » mentit alors Devon.
S'apercevant que son interlocutrice ne le croyait apparemment pas, il ajouta précipitamment :
« Je crois que vous ne devriez pas tarder Mrs Brown. Je suis sûr que votre petit-fils attend avec impatience son livre... (il renifla l'air amusé) fantastique. »
« Moi, je pense que vous devriez tout de même confier vos inquiétudes à vos proches. » réfuta la dénommée Brown. « Cela aide toujours. Mais vous avez raison, je ne devrais pas m'attarder. Il est bien dommage que le jeune Samuel soit atteint d'un mauvais rhume sinon il serait venu avec joie à la bibliothèque... »

Devon la regarda s'éloigner avant de pousser un léger soupir de soulagement. Mrs Brown était cependant loin d'être une inconnue. Vieille habituée de la bibliothèque, elle y venait souvent accompagnée parfois de son petit fils. Elle avait sans aucun doute remarqué l'attitude morose de l'étudiant ces derniers jours. Le jeune homme se promit de tenter de ne plus rien laisser paraître. Il était hors de question, par ailleurs, de suivre le conseil de la vieille dame. A part lui, personne n'avait perçut l'étrange attitude de sa cousine, pas même les propres parents de la jeune fille.
Lâchant un nouveau soupir, Devon se tourna vers la grande fenêtre de la pièce, espérant pouvoir réussir à repousser ses pensées noires. La fenêtre donnait sur le grand parc de Phoenix. Dehors, le soleil brillait de mille feux. Il observa avec une brève envie les gens qui en profitaient pour s'allonger sur l'herbe fraîche.
Malheureusement, il ne pouvait pas profiter de l'apparition radieuse de l'astre, lui aussi. Son travail de bibliothécaire l'en empêchait. Ce qui n'était pas forcément un mal. Cela pouvait lui faire efficacement oublier pendant un instant ses soucis en s'occupant à la tâche. Chose pourtant impossible aujourd'hui. Visiblement frustré, le jeune homme retourna à son bureau et s'y assit. Il attrapa son portable - normalement devant être éteint dans les lieux – et fit dérouler le menu des contacts jusqu'au nom de Seena. Devon jeta un coup d'oeil à sa montre, elle devait probablement être à l'université en ce moment. Il était donc inutile de la déranger, ça ne ferait que l'agacer au contraire. Eteignant son portable, il ferma les yeux puis resongea à la suggestion de Mrs Brown.

» The hidden sign …†… Iseult
» Devon E. Caldwell | Some things will never be different